Angèle observe le village meurtri.
Hommes, femmes et enfants gisent dans les rues, agonisants ou morts.
Les plus vaillants titubent, les regards embués de larmes tournés
vers un dieu qui semble les ignorer. Sur leur peau les bubons forment
des cloques vibrantes, prêtes à éclater. Les malheureux
connaissent leur affection. Ils en ont entendu parler, elle fait des
ravages partout dans le pays. La contracter signifie la mort à brève
échéance, dans d'atroces souffrances.
La femme dégaine son glaive. Cette
maladie démoniaque emporte les âmes vers Satan le déchu. Ce
traître odieux a semé sur le pays les germes de cette horreur. Il
récolte des âmes à la pelle.
Elle doit mettre un terme à cette
ignominie.
D'un geste ample, elle tournoie sur
elle-même et tranche la tête d'un malade. Dans son élan, elle
pourfend une femme enceinte d'un coup d'estoc. Puis elle tranche le
buste d'un vieillard, pour abattre son épée sur le crâne d'une
fillette. Elle achève un mourant, éventre un mendiant, perce le
cœur d'un jeune homme.
En les tuant avant que la maladie ne
les emporte, les âmes se dirigeront vers le seigneur miséricordieux,
Angèle en est certaine.
Tant pis si sa peau se parsème de
cloques. Elle fera de son mieux.
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